Recette :

Voici une proposition pour les ingrédients de base :

Fritte : 50%

ZnO : 30%

SiO2 : 20%

La fritte pouvant être variée (boracique, sodo-calcique, verre en poudre,...), vous comprendrez que les proportions sont approximatives. Mais évitez au maximum l'alumine dans votre fritte.

Ceci est donc la base (qui doit déjà cristalliser dans vos essais), et avec cela il faut prévoir les oxydes colorants (CoO, NiO, MnO2, Fe2O3, CuO,…), et éventuellement modificateurs :(TiO2, P2O5, Li2O, B2O3, KNaO,…), et ce, à votre bon plaisir pour obtenir de jolis effets… ou des horreurs.

Quoi qu'il en soit, vous devrez toujours faire une série d'essais pour ajuster chaque recette, en gardant si possible constante votre courbe de cuisson.

Enfin, à propos d'essais, les résultats n'ont rien a voir entre un tesson en position verticale et un autre horizontal ! (Si possible, faites vos éprouvettes dans ces deux positions.)

Remarque : je n'ai ni essayé, ni vu aucun document sur des macro cristaux à moyenne ou basse température, mais cela n'a théoriquement aucune raison d'être impossible.

Cuisson :

 

La cuisson est toute aussi importante que la recette pour les cristaux.

Prévoyez cône 8-9 dans notre cas, soit 1240°C (avec palier) à 1280° (sans palier).

Puis redescendez de suite autour des 1100° C pour faire un long palier d'au moins 3 heures. Il faut laisser du temps aux cristaux pour grandir !

Pratiquement tous les céramistes de macro-cristallisation utilisent des fours électriques (même en réduction). La courbe étant complexe : le programmateur est bien utile.

Personnellement mon programme dure de 6h du matin à 20h30 le soir, avant de refroidir.

 

Commentaires :

Toutes les macro cristallisations naissent dans un émail dégoulinant, ou le moins visqueux (c'est chimiquement logique car les ions doivent pouvoir s'organiser). Donc il faut toujours prévoir un récipient sous l'objet émaillé pour le surélever et pour contenir les coulures, qui sont parfois importantes. La difficulté est de l'enlever proprement après cuisson. Personnellement j'utilise une scie diamantée. C'est efficace, résultat propre. Sinon d'autres potiers tartinent de l'alumine sur le fond de la pièce, puis après cuisson ils tapent sur la coupelle réceptrice pour la décoller…si cela réussit, résultat incertain.

- L'émaillage doit donc être posé épais (au moins 2mm), et surtout sur le haut des pièces.

- Pour faire des effets d'auréoles: faites osciller la température de 40 à 50° autour du palier des 1110° (environ)

-Les motifs des cristaux peuvent être très divers (la nature nous surprendra toujours).

 

Voici les critères principaux qui les influencent radicalement :

• La composition de l'émail (évidemment).
• L'épaisseur finale de l'émail (après coulée) et la position du tesson (vertical, horizontal).
• La courbe de cuisson, avec sa série de paliers.

L'émail est influencé dans une moindre mesure par la nature du tesson (exemple: le grés gris peut colorer l'émail; alors que la porcelaine n'a pas d'influence)

- Parfois, les macro cristaux se distinguent du fond par une couleur très différente, c'est que leur composition chimique est très distincte et qu'ils contiennent un excès ou un défaut d'un ou plusieurs oxydes colorants.

 

Exemple sur mes pièces :

- Oxydes qui migrent en quantité pour fabriquer la structure du cristal : CoO, NiO = couleur foncée

- Oxyde indifférent : CuO = couleur identique

- Oxyde qui n'entre que très peut dans la composition du cristal : MnO = couleur plus claire

- Je n'ai pas encore fait d'œuvre en réduction, mais il paraît que cela ne compromet en rien la croissance des cristaux. (Pour les fours électriques: réduction en casette ou au goutte à goutte avec de l'huile ou de l'alcool).

 

Apologie de la monocuisson :

Il est parfois inutile de dégourdir les pièces avant émaillage. Je n'ai observé strictement aucune différence dans la qualité des mes émaux (à cristalisations) posés sur pièces biscuitées et sur d'autres crues. Je remercie Smart pour son conseil efficace à ce sujet, qui est de défloculer l'émail, et surtout de le poser sur le tesson à moitié sec, mais pas avant. C'est pourquoi je vous invite à tester la monocuisson. Ainsi, cette démarche sera plus économique en temps et en énergie.

Le néophyte doit bien comprendre que l'on ne crée pas les cristaux là où cela nous plait, mais que l'on ne fait que préparer un milieu chimiquement et physiquement favorable à leur naissance et leur croissance. Milieu qui est forcément instable, car à cheval entre la structure amorphe du verre et micro cristallisé des minéraux.

 

Si cette aventure vous intéresse, il faudra savoir être humble et accepter beaucoup d'échecs. Les macro cristaux sont capricieux, et ne s'offrent pas dans toutes leur beauté si facilement. Est-ce pourquoi nous sommes si peu de céramistes dans cette quête ?

 

Documentations :

 

Il n'existe pas, au jour ou j'écris, de livre en français sur ce sujet.

 

Livre lu :

 

"Macro-Crystallines Glazes: The Challenge of Crystal" by Peter Ilsley (1999) Avg. Customer Review, 145 pages couleurs, 35€ .

Sommaire (traduit): Historique: les deux périodes des macro cristallisations / Le tesson: la prépondérance de la porcelaine / Le façonnage, les courbes / Les glaçures / Four et cuisson / 13 artistes: leur travail, leurs commentaires.

 

Lives non lu :

 

"Crystalline Glazes" by Diane Creber, 1998,Avg. Customer Review, 18€.

"Crystal Glaze: Understanding the Process and Materials" by Fara Shimbo, 2001, e-book

" The Art & Craft of Crystals" by Don Halloway, 1998

 

Articles:

 

La Revue de la Céramique et de Verre: N°73, N°44, et N°? avec Pierre Breillat